Le temps est fini où nous étions unis à deux, à trois, nous étions un, puis chacun sa vie. Ces derniers mois, jamais nous ne les oublierons. Congé parental, apprentissage phénoménal. Tu t'es construit en neuf mois et après ton arrivée nous aussi: tes cris de joie lors de nos premiers jeux de rencontre. Tes mains dans l'air se tournant, tes yeux contemplant le visage de l'autre, ton intérêt pour chaque objet qui suscite une curiosité que seul toi comprendras. Tes pieds tapent contre le bois des meubles, ta petite tête toujours blottie contre l'espace entre le cou et l'épaule de maman ou papa. En peau à peau nous écoutons les sons de notre nouvelle famille. Nous marchons et chantons ensemble. Nous lisons plusieurs langues à haute voix. On te parle, on te pose mille questions avec une voix aiguë, on est complètement gaga, notre monde est toi. Nous sentons la sueur de nos efforts, les courbatures de l'affection et du soin, voyons la vie antérieure s'évader comme si elle n'avait jamais existé. Ton univers est nous. Nous nous projetons loin dans l'avenir, te voyant grandir dans un monde meilleur. Tu nous enseignes à maîtriser la peur. En tout cas, c'était quoi avant toi ? Les objectifs ambitieux n'ont plus vraiment du poids, les projets persos continueront à exister, certes, mais plus avec la même importance, depuis nous intégrons ta présence. Une famille se crée en douceur jusqu'aux irruptions abruptes qui ressemblent à un séisme lorsque les plaques tectoniques se touchent. Depuis peu de temps, je pars les matins et je compte les heures avant pouvoir te prendre dans mes bras. Papa me félicite et accompagne ce grand pas et nounou dit que mes soucis seront naturels car notre lien est sacré, je sais que c'est bien ça. Ainsi je contemple ta main sur mon bras et j'entends déjà tes pleurs de retrouvailles. Mon bébé cheri, je t'aime, même s'il faut que j'y aille.
Mars 2022, Manou Fines
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